Gilles Reboul n’aurait “pas imaginé que ça dure autant”
Le 19 mai dernier, Gilles Reboul a décroché son troisième titre de champion de France Masters de triathlon. DIJON-SPORTnews.fr a recueilli les impressions de ce sportif incontournable du sport dijonnais au palmarès impressionnant puisqu’il a été auparavant 6 fois champion du monde, champion d’Europe par équipe et double champion de France de triathlon longue distance.
DIJON-SPORTnews.fr : Quand as-tu débuté le triathlon ? Comment as-tu découvert ce sport ?
Gilles Reboul : “Le triathlon est, pour moi, une histoire de près de 25 ans. Nageur à l’origine, alors que j’étais en sport études à 15 ans, j’ai rencontré des champions de cette toute nouvelle discipline en France. Aussi, j’y ai goûté par l’impulsion de Claude Lahoussine. De suite j’ai obtenu de bons résultats et j’ai su que ce sport était fait pour moi. J’avais une attirance pour l’endurance, le dépassement de soi, le défi et le mental… tout ce que représente le triple effort. J’ai su, de suite, que j’en ferais mon métier et ma grande passion !”
DSn : Pensais-tu rester à ce niveau autant de temps ?
GR : “Pratiquer le triathlon le plus longtemps possible était un souhait, mais franchement, je n’aurais pas imaginé que cela dure autant d’années. Je compte plusieurs raisons à ma longévité : tout d’abord, j’ai eu la chance et aussi l’opportunité de rencontrer, sur mon parcours, de bonnes personnes, éducateurs et entraîneurs compétents, qui ont su me préserver. Ensuite, j’ai toujours pris beaucoup de plaisir et, ce qui était considéré comme des contraintes, ne l’était pas pour moi. Enfin, j’ai privilégié le ménagement et la progressivité plutôt que la performance à tout prix, en évitant au passage de lourdes blessures. Mais je suis conscient que j’ai bénéficié du facteur « chance ». Le triathlon a traversé de nombreuses évolutions et cela a certainement crée en moi de nouvelles envies tout du long.”
DSn : Combien d’entraînements gardes-tu par semaine ? As-tu diminué par rapport à une époque ?
GR : “L’effort physique représente, aujourd’hui, environ 10h à 12h hebdomadaires. Certes, ce n’est pas si mal mais c’est très loin de ce que j’ai connu dans mes années professionnelles où je m’entraînais régulièrement 35h par semaine. Il m’arrivait même de monter jusqu’à 42h lors de stages de préparation. Bien sûr, je disposais de conditions idéales car je partais la moitié de l’année dans les endroits et pays les plus propices mais surtout je bénéficiais d’une Convention d’Insertion Professionnelle avec la SNCF, me permettant, entre 1998 à fin 2008, de pratiquer entièrement mon sport et d’être salarié.
Cela fait maintenant près de 4 ans que mon statut à changé. En effet, je dois composer avec ma famille (marié, 3 enfants), mon travail à temps plein et le sport. Certes, les séances sont moins nombreuses et moins longues mais mes objectifs sont différents et me conviennent parfaitement. J’ai la chance que mon métier de contrôleur de gestion soit, pour moi, une réelle passion qui comble le manque de sport. Je pense que mes collègues me trouvent excessif sachant que ma journée commence à 6h du matin par un footing de 50’, puis 1h de natation le midi. Cependant, le vélo reste le plus difficile à programmer dans la semaine et je le ressens sur le résultat. Je peux comprendre que ce ne soit pas évident, mais j’ai la chance d’accepter la baisse de résultat même si, avec toute relativité, je réussis dans la catégorie « Master ». Au final, le plus important, pour moi, est de pratiquer et non de performer.”
DSn : Quels types d’entraînements préfères-tu et lesquels détestes-tu ?
GR : “A présent, je ne considère plus vraiment m’entraîner car tout est fait au feeling mais mes préférences s’orientent sur des sorties longues en vélo et course à pieds sous le soleil et la chaleur sur des parcours très sélectifs. A l’inverse, je déteste partir sous la pluie et le froid. D’ailleurs, je ne le fais plus alors qu’auparavant je m’y forçais.”
DSn : Quels sont tes meilleurs et pires souvenirs ?
GR : “Parmi mes meilleurs souvenirs, je retiens mes 2 titres de champion de France Professionnel, avoir été le 1er Français à remporter le triathlon de Nice, mes 4 participations au mythique Ironman de Hawaï, mais aussi mes 6 victoires à Dijon et mes nombreux podiums sur l’épreuve la plus difficile au monde de l’Embrun-Man… mes 20 années de statut de sportif de haut niveau. Heureusement, les pires moments ont été très rares, aussi, je place en tête le jour où j’ai brisé mon dérailleur de vélo à l’Embrun-Man alors que j’étais largement en tête. Même si ces moments sont très durs, il n’en reste pas moins qu’ils aident à progresser et comme j’aime citer un journaliste de l’équipe « Ce n’est que du sport ! ».”
DSn : Quels challenges t’es-tu fixé et quels objectifs as-tu pour la fin d’année ?
GR : “Je suis dans un contexte bizarre car je n’arrive pas encore à pratiquer mon sport sans me fixer d’objectifs. Cela vient certainement d’une déformation après tant d’années. La seule différence, c’est qu’aujourd’hui, je n’en fais plus une fixation. Cette saison, j’ai déjà atteint mon premier objectif, celui de remporter mon 3ème titre d’affilée de Champion de France longue distance en « Master ». Ensuite, j’ambitionne un podium au général sur l’épreuve internationale de Dijon, le 1er juillet prochain et enfin me régaler sur l’épreuve d’Embrun (étant la plus dure au monde sur la distance Ironman).”
DSn : Penses-tu continuer encore longtemps ?
GR : “OUI ! En tout cas, je l’espère tant que la santé me le permettra. L’année prochaine, je souhaite être sélectionné aux Championnats du Monde qui se dérouleront en France, à Belfort, et l’objectif est le titre dans la catégorie « Master ». Dans 2 ans, je fêterai mes 45 ans, aussi, je me suis fixé une sélection pour l’Ironman de Hawaï avec toujours comme objectif de remporter ma catégorie « Master ».”