Margaux Nicollin : “Les JO sont dans ma tête”
Après son titre de championne de France espoirs au javelot et son record de France espoirs, la jeune athlète du Dijon Université Club, Margaux Nicollin nous a accordé une longue interview. Elle est revenue sur l’ensemble de sa saison ; ses pépins physiques, son début de coopération avec un nouveau préparateur physique, ses satisfactions, son échec cuisant aux championnats d’Europe et donc son titre et record espoir qu’elle nous relate comme si on y était. Une saison riche qui aura fait franchir des caps à la jeune femme. Margaux se projette maintenant sur la saison à venir avec un chiffre en tête : 62.62 mètres : les minimas pour une participation olympique !!

Une bonne préparation hivernale
“De septembre à Noël, c’est surtout de la préparation physique, il y a quand même les interclubs jeunes où on fait deuxième avec les filles, une belle reprise. La préparation physique a été intense pour bien m’affûter: perte de poids, progression musculaire. En décembre quelques stages, à Colmar puis stage national javelot en Allemagne où l’on lançait en salle avec le javelot qui partait à l’extérieur, c’était super. En janvier j’ai commencé avec un nouveau préparateur physique à Lyon, Jérôme Simian, qui entraîne Mélina Robert Michon. Les conseils de cadres ainsi qu’une aide de la fédération m’ont permis de le contacter. Le but était d’adapter mon entraînement à mon état physique. Le rééquilibrage musculaire qu’il me fait faire m’aide beaucoup dans mon placement. J’y vais une fois par semaine…

Un début de saison réussi
…Fin février mars, les championnats de France, je gagne et bats mon record de plus de 4 m avec 57,62 m après un mois d’entraînement à Lyon et aussi avec Philippe Gandrey pour la technique, puis je confirme dans la foulée lors du match France, Allemagne, Italie une semaine plus tard que je remporte avec 57,42 m. Je me suis dit que j’avais passé un cap. Un super début de saison hivernal. Surprise, je suis alors sélectionnée pour la Coupe d’Europe des lancers avec les séniors où je lance en U23 à 53,99 m en étant un peu fatiguée. Je m’y préparerais plus l’an prochain…
Blessures : cheville puis coude
…J’enchaîne les stages et lors de celui au Portugal avec la ligue de Bourgogne, je me fais une grosse entorse à la cheville gauche le dernier jour. De la fatigue, c’était sans doute pas le moment pour partir en stage, je le retiens. Impossible de courir durant deux mois. En juin je fais les interclubs pour le DUC sans être au top mais cela me tenais à coeur. Durant les meeting de juin je reviens bien avec 54 m à Dijon , 55 m au meeting national de Grenoble que je remporte puis 56 m à Montélimar. Cela revenait bien mais je me fais mal au coude sur le premier essai à Montélimar…

Les Europes espoir… complètement perdue
…Je fais une semaine de repos, le mal persiste, je retourne donc à Lyon et fais de l’électro stimulation tous les jours avec le RSQ1, très éprouvant. J’arrive donc aux Europes espoirs sans savoir si j’allais lancer. Et puis à l’entraînement tout va bien plus de douleurs, pleine de jus. On est donc confiants avec Philippe. Je rentre en chambre d’appel avec beaucoup d’envie. Mais quand le concours commence je commence à avoir le coeur qui tape, je me dis il faut lancer loin, je me mets de la pression, je me mets à trembler à ne plus sentir mes jambes. Sur le premier essai je rajoute deux appuis car je me sens lente, Philippe me le dis, sur le second j’en enlève deux sans m’en rendre compte. Je perds le contrôle, un état second comme si ce n’était pas moi qui lançait. C’est clairement dans la tête, je ne sors même pas déçue du concours, je ne savais plus où j’étais, j’ai rien vu passer, une autre personne. Je n’avais aucune excuse, juste tétanisée par l’envie, l’adrénaline, la pression que je me suis mise toute seule. J’ai vite compris que c’était ça mon seul frein et qu’il va falloir bosser mentalement… Je sais ce que je dois bosser…

Magnifique rebond aux France espoirs
…Je me suis remotivée car il restait les championnats de France. L’échec européen m’a servi, j’y suis allé pour me faire plaisir sans grossir l’enjeu. Plus je me fixe d’objectifs moins je les atteints. Ce 5ème essai je sens qu’il va loin. J’ai mis plus de rythme dans ma course d’élan, donc plus de vitesse et plus de renvoi en haut, mes jambes prennent de l’avance mon bras retarde et paf, tu sens le javelot qui part, qui accélère, et là tu le vois voler, j’ai crié un coup, ça ma fait du bien, moi qui ne crie pas à chaque jet. J’ai eu des frissons, c’est du bonheur : tu vois ton javelot qui tombe hyper loin tout près de la ligne des 60, j’entends mon père qui dit “Yes !”. C’est un beau moment, j’ai évacué toute la frustration que j’avais. Je suis un peu déçue par le dernier essai où je mords ma marque…
Et maintenant…
…J’ai amélioré ma marque de quasiment 7 m cette saison, ce qui est énorme. Je sais ce qu’il me reste à bosser. C’est de bon augure.

Je ne peux pas me voiler la face, les JO sont dans ma tête, il faut faire 62 m pour y aller. Il faudra passer par les Europe séniors. Je suis en confiance, motivée et pas très loin. C’est aussi les zones du record de France, qui peut être aussi une motivation. On est deux avec Mathilde Andraud de Nice, qui a 26 ans et qui est la meilleure Française avec 60,60 m. J’espère qu’on va se tirer la bourre l’an prochain. Je garde ma structure d’entraînement. Passer 60 m serait déjà un premier cap et déclic, ça fait du bien dans la tête et met en confiance. Je sors de la saison gonflée. I can do it !!! ”