Ultra trail : le Dijonnais Bastien Deliau 30ème en 4 jours de la Swisspeaks 2020 (315 km et 22800m de D+)

© Bastien Deliau
Ex pensionnaire du Dijon Triathlon, Benjamin Deliau a participé à plusieurs courses mythiques dans le monde du trail. Au début de ce mois de septembre il était au départ d’un incroyable défi : la Swisspeaks 2020 pour 315 km de course. Il nous raconte son aventure depuis sa genèse jusqu’à la délivrance de la ligne d’arrivée
,
A NE PAS MANQUER BASTIEN DELIAU SERA NOTRE INVITE POUR LE PREMIER DEBRIEF DELA SAISON EN VIDO LIVE SUR NOTRE PAGE FACEBOOK CE LUNDI 14 SEPTEMBRE A 20H30
Je m’appelle Bastien DELIAU, j’ai 46 ans, je suis ingénieur à la ville de DIJON, et J’ai couru la semaine dernière la SWISSPEAKS 315 kms, une traversée du Valais suisse : c’est la vallée du Rhône depuis sa naissance dans le glacier d’Aletsch jusqu’au lac Léman, avec un dénivelé positif de 22800m positif et 24500 m négatif.
–

–
1 – tiens, pourquoi je ne ferais pas une course de 315 kms en haute montagne ?
Depuis maintenant 10 ans que je fais du trail (course en sentier, montagne), j’ai toujours voulu explorer l’inconnu : de nouveaux espaces, nouveaux paysages, nouvelles distances. J’ai donc pu courir environ 100 courses, dont 25 de distances supérieures à 80 kms et 8 « 100 miles » distance –étalon du trail : ce sont des courses de 170 kms et 10000 m de dénivelé positif : Ultra Trail du Mont Blanc , diagonale des Fous, Echappée belle, …
Lors de mes 3 dernières courses, j’ai terminé en bonne santé, frais physiquement et mentalement, j’étais curieux de voir si je pouvais montrer la même endurance sur la distance mythique de 200 miles, soit environ 350 kms…. J’ai donc choisi de m’inscrire sur cette SWISSPEAKS 2020, avec une distance réduite à 315 kms suite aux ajustements COVID …
–

–
2 – comment on va se préparer pour une course pareille ??
La préparation que je suis depuis plusieurs années est liée à ma pratique de l’ultra trail : environ 3 à 5 entrainements par semaine en trail, beaucoup de « boucles » en nature et forêt du côté de chez moi à MALAIN et dans les massifs dijonnais (Val Suzon, Velars, …), peu de vitesse ou VMA, quelques séances de côtes, et des « blocs » montagne, plusieurs jours d’affilée en montagne pour faire des sorties avec la fatigue de la veille … cette année, j’ai fait 1 bloc multi sport dans le JURA avec mes amis jurassiens (VTT, vélo, de route, ski roue, trail, kayak) en mai, une semaine montagne à Saint Gervais les Bains avec mes amis Angevins et grands spécialistes de la Diagonale des fous à la Réunion (90 kms – 7000+), et un OFF sur les traces de l’Echappée Belle à Belledonne (113 kms/11000+).
–

–
A cette préparation trail vient s’ajouter une saison de ski de fond, environ 650 kms par an et quelques courses (cette année la GTJ 200 et 2 courses à BESSANS).
Pour la SWISSPEAKS, je n’ai pas modifié mon entrainement, pas augmenté de volume non plus ; j’arrive à fin AOUT avec un volume global de 300h et un dénivelé positif de 76000 +, qui st juste correct par rapport aux années précédentes.
–
3 – la course : quelle tactique et quel matériel adopter pour aller au bout ?
Pour une course de cette longueur (entre 100 et 120h espéré), j’ai choisi de découper la course en plusieurs tronçons de 100, 50,50,50,65, avec à chaque base à partir de EISTEN (la 2) : douche, repas complet et sieste 1h30.
A chaque base vie, me rejoint ma femme Aline pour le mental, et la gestion du « quotidien » (chargement tél+montre, réapprovisionnement sac, …). Ajouter à ça des siestes dans le fossé ou des granges au cas où, et des stops à gérer sur les ravitos.
Cette tactique, je l’espère , permettra d’être frais mentalement à chaque re-départ de base vie.
Concernant le matériel, en dehors du matériel obligatoire, j’aime prévoir une paire de bâtons qui soulage les jambes, et des vêtements étanches en cas de grosses intempéries.
La montagne est changeante, et j’ai vécu plusieurs courses avec des orages de grêle, de pluie, qui peuvent vite mettre notre intégrité physique en danger si on est mal équipé.
–

–
4- le déroulement de la course :
Le départ à minuit de BETTMERALP se passe sous la pluie, et la musique d’un participant qui court avec son yukulélé et nous fait un concert pendant la course ; trop fort le mec ! on verra d’ailleurs des vidéos où il fait une chanson assis sur un caillou en haut du col, avec 10 traileurs qui chantent avec lui … improbable !
–


–
Le départ est compliqué, la pluie, brouillard tellement épais qu’on ne voit pas ou poser les pieds, donc départ prudent…
Je passe les premiers ravitos rapidement, remplissage flasques, un peu à manger, en plus de mes sandwichs préparés avant la course.
Le premier stop important est la base de vie d’EISTEN (kms 50), ou je retrouve Aline pour un changement complet de tenue, et repas ; pas de sieste à ce niveau0. Je change aussi de chaussures, j’ai mal aux genoux avec mes SCOOT, j’espère que ça ira mieux avec les SALOMON.
–


–
On commence à avoir de vrais rampes de plus de 1000 mD+ et jusqu’à 1800D-, on en trouvera environ 10 sur l’ensemble de la course ; le Valais est une vallée très belle, très variée, et très montagneuse pendant les 250 premiers kilomètres, avec 4 cols à 2900m et 12 cols à plus de 2400m quand même.
Après le ravito de GRACHEN (km 60) ou on a la chance d’avoir des spécialités locales (sorte de tartiflette sans viande , excellent !!), je rencontre Nicholas, après une petite sieste de 15 min en montant sur Jungen (km 70)… dans la descente de l’Augstbordpass, on se retrouve, et on ne se lâchera plus pendant 200 kms, 3 jours passé avec mon nouveau copain Suisse , avec qui je m’entends excellemment, que ce soit sur les principes de vie, les allures de course ou le rythme de stop aux ravitos et base vie ! magique !
La 2ème base vie de Grimentz (km 100) est l’occasion d’une bonne douche , et d’une sieste de 1h30. Au total, l’arrêt représente 2h45 de l’entrée dans la base à la sortie.
–



–
Nous rentrons dans le dur, avec la montée à la cabane des becs des Bossons (km115), très minéral, enneigé, très froid, le tout au petit matin…
Arrivée à la Base vie de Grande Dixence (km 150), départ du 170, on se fait la réflexion avec Nicholas que on a l’impression d’être en rando et que on n’est même pas trop fatigué, c’est assez fou… pourtant on a fait 150 kms en 39h30, et déjà plus de 10000D+, c’est pas neutre .
Après arrêt de 3h et donc 1h30 de sommeil, on repart pour la 2ème partie de course , en forme et contents d’être ensemble avec Nico !!
–


–
La course se durcit techniquement avec des portions très techniques , du pierrier, des dalles, des cailloux partout, depuis le col de Prafleuri(km 155), jusqu’au passage dangereux du pas d’Encel (km 230)… soit quasi 100 kms de très technique…
Moralement on est bien , physiquement, on tient, et les nuits commencent à être longues et restent froides …. Les arrêts aux ravitos sont plus ou moins longs, en fonction des expositions au froid et de la nourriture proposée ! sur ces distances et temps là, on a adoré manger de la raclette, les soupes, les pommes de terre et autres nourritures consistantes.
–






–
La dernière partie est plus roulante, et c’est là , après la dernière base vie que nous nous séparons avec Nicholas, qui a trop mal au talon pour suivre le rythme … Aline sera son ange gardien pour lui apporter secours à Morgins (km 275) et lui permettre de terminer la course à son rythme, super nouvelle !
Quant à moi, j’ai pu lâcher les chevaux sur ces 50 derniers kil, courus en moins de 10h, et jusqu’à la fin ! à savoir que, pour moi, une course réussie est avant tout une course courue jusqu’à la fin preuve de bonne gestion !
Encore de beaux raidards, des passages de prés compliqués, et une descente finale infernale qui dure , qui dure … pour une arrivée à 23h58, juste avant les 4 jours pleins de course !
Beaucoup d’émotions, une sensibilité à fleur de peau depuis le dernier ravito (j’en ai chialé quoi !!) et une belle 30ème place complétement inespérée et surtout un temps de 96h qui me laisse songeur !
–




–
5- en résumé
Ma Swisspeaks en chiffres c’est :
-79 kms – 5700 D+ et 6125 D- par jour sur 4 jours consécutifs
– 8h de sommeil en tout (4*1h30 en base vie, 1h en ravito et le reste sur sentier)
– un sac de 4 kgs compris la doudoune du kit grand froid
C’est aussi des paysages du Valais incroyables , des bénévoles aux petits soins pour nous, une organisation bien rôdée malgré quelques petits ajustements à faire…
Merci à tous pour vos commentaires tout au long de la course, ça fait du bien de se sentir soutenu , un énorme merci à Aline pour son soutien et sa bonne humeur quelle que soit l’heure , et place à la fin de saison, qui passera sans doute par le Jura avant de chausser les skis !
–



Bravo!!!
Dans ce sport tu ne peu pas tricher et tu te retrouve tres vite face à to il même .
Je suis admiratif de ces sportifs qui repoussent les limites de leurs corps!